La tête dans les rouages: 2011

Bonjour à tous.

Vous avez dû remarquer que je n'avais pas mis mon blog à jour depuis longtemps, et que les aventures se font rares. Je m'en excuse.

Cependant, c'est pour participer à une grande aventure que j'ai mis entre parenthèses mon blog pendant quelques temps. En effet, la Direction des Affaires Culturelles de l'Océan Indien et les Terres Australes et Antarctiques Françaises proposent une résidence d’artistes exceptionnelle de trois mois dans les îles Kerguelen. J'ai donc envoyé un dossier de participation, et vous trouverez ci-après ma lettre de motivation. Vous comprendrez donc que je croise les doigts depuis 2 semaines, ce qui m'empêche de dessiner ^^ plus sérieusement, mon esprit est très occupé par cette aventure, et j'attends la réponse du jury avec impatience.

Il y aura très bientôt de nouvelles BD, c'est promis ;) Voici ma lettre de motivation:

Bonjour,

Je me permets de vous écrire afin de vous soumettre ma candidature en tant qu’artiste participant au projet de l’« Atelier des ailleurs» de l’archipel des Kerguelen. Je m’appelle Miss Longueville (oui, dans la vraie lettre j'ai mis mon vrai nom, soyez rassurés ^^), j’ai 24 ans, et votre résidence d’artiste m’intéresse au plus haut point. Je souhaite, si je suis retenue pour cette expérience inattendue, mettre à profit ces trois mois de création et d’expérimentation dans cet archipel si spécial. J’aimerais découvrir et faire connaître les couleurs qui sont spécifiques à Kerguelen, jouer avec les matières et les contrastes, et ainsi souligner chaque plume d’oiseau et la moindre ligne d’horizon qui s’offre aux yeux du voyageur.

Je me définis comme designer textile, photographe et écrivain. Je voudrais à travers ces trois compétences vous apporter une production insolite qui exploitera mes techniques de prédilection. Je brode, je tricote, je crochète, je pratique l’ennoblissement textile, la teinture, la calligraphie, la typographie ou encore le graphisme…

J’aimerais exploiter dans mon projet ce que les activités de pleine nature m’ont permis de découvrir : le froid-le chaud, l’effort-le repos, le jour-la nuit, dehors-dedans, contemplation et observation du vent, des sons, des intempéries, du jeu des rayons de soleil, du contraste entre la végétation, le minéral, l’océan et les animaux… et les activités des hommes de Kerguelen. Rapporter le temps qui passe, et la façon dont il s’écoule là-bas. Le découvrir, pour ensuite faire aimer l’Archipel. Sublimer ce qui au départ dans la nature peut paraître hostile, fastidieux ou même dangereux.

Mon ambition est de créer des grands formats des panoramas de Kerguelen (1 mètre sur 3), qui mêleraient les procédés que j’ai évoqués plus haut, au gré des teintes et des textures. Ce serait une vision de l’île que je vous propose de partager. Je veux que mon travail reflète l’intérêt de ceux qui veulent comprendre et connaître, de ceux qui tentent les aventures, de ceux qui tentent l’Aventure et de ceux qui la racontent. Il ne s’agit pas seulement de vivre l’instant, mais aussi de se rendre perméable aux sensations et de transmettre mon instant de l’Archipel. Rédiger l’épopée, la narrer, aller au-delà du simple journal de bord, et rendre vivante aux yeux de tous la formidable opportunité que votre atelier propose.

Cette vision sera renforcée par les conditions de l’ « Atelier des ailleurs ». Dans votre appel à candidature, vous parlez notamment de votre volonté de délocaliser la pratique des artistes, de vivre en collectivité, sans liaison internet, sans téléphone portable. Je suis styliste, et dans ma branche professionnelle, nous avons besoin, pour des raisons d’efficacité, de sentir la tendance, grâce aux différents médias et à l’observation des gens. Il est courant dans ma formation et sur le terrain de se baser sur les magazines, sur le web, afin de saisir toute information et de détecter quelle sera la couleur que les gens voudront porter, quel sera le détail sur le vêtement ou l’accessoire qui le fera acheter par les consommateurs.

Participer à l’« Atelier des ailleurs » me permettra de confronter les sensations « Archipel », celles que me procureront le lointain, l’ailleurs, le calme et la recherche scientifique, aux sources et ressources que j’ai en moi : belle opportunité pour adopter une réflexion autour de l’acte de création différente de mes habitudes. Ce ne sera plus essentiellement le monde des informations et de la communication qui inspirera mon ouvrage, mais bel et bien mon environnement direct, les conditions climatiques, l’isolement du reste du monde, et la découverte de l’équipe de l’île… Dans le village où j’ai grandi, il y a 145 habitants ; c’est environ la population des Kerguelen. La vie en collectivité sur une île ne m’effraie donc pas, je pense au contraire qu’elle renforcera mon travail. Je suis également prête à proposer une coopération à l’autre artiste sélectionné, si nos projets s’y prêtent bien entendu.

Mes proches ont, pour la plupart, participé à des séjours lointains. Ils m’ont longuement détaillé les ressources tirées de ces expériences. Mes grands-parents maternels sont allés en expédition en Mongolie, en Alaska, et plusieurs fois au Groenland. Mon frère a effectué des missions au Darfour et à Haïti et travaille dans l’humanitaire. Ma sœur a déjà mis le pied en Afrique, en Amérique et en Asie. Une de mes tantes travaille à la Réunion. Mes amis sont disséminés en Europe et au Canada. Tous comprennent et approuvent ma candidature. L’ailleurs ne m’effraie donc pas non plus.

Je ne peux rédiger ces pages qu’avec précaution puisque je ne connais pas les Iles Kerguelen, mais il est probable que je saurai être perméable à chaque instant du séjour. Avant l’embarquement, je compte me documenter sur le district de Kerguelen, par des lectures et des témoignages, mais aussi prévoir le matériel qui me sera nécessaire. Une fois arrivée sur l’île, j’aimerais m’imprégner de l’archipel (tout en respectant l’environnement et les consignes de sécurité), puis entrer dans une phase de création intense. Au retour, j’envisage bien sûr des expositions, mais aussi peut être des conférences sur mon expérience, et pourquoi pas, écrire un livre.

Je vous prie donc, Monsieur le directeur, d’accepter au sein de votre atelier mon projet, ainsi que ma personne. Je vous promets sérieux et dynamisme, ainsi que créativité et innovation, afin de mieux faire connaître, grâce à cette expérience hors du commun, les Terres Australes et Antarctique Françaises grâce à l’Archipel de Kerguelen.

Veuillez recevoir l’expression de mes respectueuses salutations,

Miss Longueville

Si vous êtes arrivés jusqu'ici, je vous remercie de votre lecture, et je vous dis à très bientôt...